Douce campagne – 1ère partie- Oclide

–Nous y serons dans deux heures, s’exclame mon Maître, joyeux. 

La voiture, chargée à bloc, ne rencontre pas d’embouteillage sur l’autoroute, file vers son objectif. Je laisse mon esprit divaguer sur les paysages campagnards, me laissant envahir par ce sentiment d’immersion. Notre moment tant attendu est sur le point de se réaliser. Ce séjour va durer cinq jours et le coffre regorge de nourritures, boissons, et surtout matériel afin que nous puissions vivre ce besoin d’autarcie.

La maison, perdue dans les bois, est telle que nous nous la sommes représentée  : un grand salon – avec une cheminée en surprise-, une chambre sous les combles avec charpente apparente, une belle terrasse également agrémentée de poutres, l’ensemble tellement isolé que même le réseau est inaccessible.

20h, la première soirée est un épisode romantique. L’objectif se focalise sur la célébration de notre union ainsi que notre passion. Sur la terrasse, à la lueur des bougies, nous dégustons notre champagne et petits fours salés sucrés.

— Tu es tellement ravissante avec ton collier. Es tu heureuse ? interroge mon Maître.

— Oui. Et, je vais pouvoir le garder plusieurs jours, dis je, des étoiles plein les yeux.

— Bien sûr, ma belle. Tu ne l’enlèveras pas, me rassure t il.

Un début de soirée câline comme nous savons faire rien que pour nous, car l’essentiel est là, notre amour, notre complicité.

Notre dernière coupe achevée, je viens m’asseoir, avec naturel, à côté de lui, à ses pieds, mon visage blotti contre sa cuisse, pour profiter de mille caresses…moment d’abandon, paroles inutiles.

Un début de cordes pour entamer ce week-end afin de consolider notre liaison. Au-delà du symbolisme du lien, cet art nécessite une juxtaposition des corps. Je suis nue, vulnérable, disponible pour ma prochaine tenue de chanvre. Pendant qu’il me modèle à sa convenance, ses mains, son corps me frôle, me touche. Je ne perds rien non plus de ses déplacements, moi qui reste statique, de son souffle, de ses bras qui se déploient pour finalement me maintenir. Une mise en condition progressive à l’opposé d’une séance de fouet. J’intériorise ses gestes, son odeur, sa respiration, ses rares paroles, mon souffle ralentit, puisant au creux de mon ventre l’énergie. J’ai fermé les yeux.

Pourtant, je dois rester vigilante, car les cordes s’additionnent sur mes membres, me contraignent, sournoises, parfaites représentations des serpents qui étouffent leur proie inattentive.

De fait, au bout de quelques minutes, il finit par s’arracher de ma proximité, au bout de son œuvre. Paralysée, je constate son air inexpressif qui s’apparente à un animal à sang froid, prêt à la mise à mort.

– Tu es à moi, ne l’oublie pas, lâche-t-il.

Pourquoi répondre ? Chaque fibre de mon corps lui appartient. Sa main papillonne, s’éternise sur mes chairs enserrées, stimulant ma nudité.

Changement de ton, je perçois son agitation comme une impression diffuse et grimace dans mes cordes, l’ambiance se fait menaçante. Une déchirure dans l’air, suivie d’une douleur vive sur la cuisse. Désarticulée mais entravée, je sursaute dans mes liens. Le fouet à lanières s’abat sur mes cuisses et fesses laissées à découvert. Pas moyen de se protéger. Concentration sur la respiration pour accueillir cette douleur cuisante. Les impacts sont précis et féroces, la destination calculée. Cette alliance de quasi méditation douloureuse et d’impact vifs est surprenante mais comme souvent addictive.

De ma petite voix intérieure, car il m’est toujours difficile de m’exprimer lors des séances, je le supplie de continuer et comme souvent, il parvient à déchiffrer mes pensées. Il concentre dorénavant son attention sur mon sein droit. Mon Maître l’englobe de sa main tout en laissant suffisamment d’espace pour un marquage. Le fouet s’abat, mécanique, sur quelques centimètres carrés de chairs dévoilés. Je contiens mes cris dans mon bâillon, la coloration est éprouvante. Le pic de douleur, sur une si petite surface chauffe à blanc mon cerveau. Il a tourné la clef de la porte de notre obscur paradis. Je pénètre dans notre monde avec une détermination aussi douloureuse que bienheureuse. Une première visite dans ce monde éprouvant mais mon Maître n’avait prévu qu’un court séjour. Il finit par s’agenouiller auprès de mon visage crispé, pose sa main sur mon sein palpitant et me détache avec patience. Vaincue, je finis par me laisser transporter jusqu’au lit pour un sommeil réparateur […]

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