Pensive, je ne prononce pas un mot mais celui ci fera son chemin vers mon esprit. Effectivement, il me faudra, encore une nuit à 4h, une autre à 6h, puis les entraves seront accueillis jusqu’au réveil naturel. Sans aucun châtiment, orgasmes ou quelque soit d’autre, mon inconscient va se soumettre à sa domination.
De nouveau, une étape de franchi que nous constatons avec émotions sur le lien qui nous uni.
— Je ne pensais pas que tu pouvais tenir toute la nuit. me confie t il souriant alors que nous prenons un verre.
— Je t’avoue aussi mon étonnement. Avec du recul, j’ai l’impression que je me sentais bien -ainsi. J’ai dormi, sans aucun rêve, d’un sommeil profond, comme dans un cocon.
– Je suis heureux, ma belle. Nous allons continuer. Conclue t il en me caressant la joue.
Même si la curiosité pique mon esprit, chaque nouvelle expérience remet en question ma détermination et ressuscite les incontournables doutes. De fait, il m’a expliqué son projet qui stimule, malgré tout, comme un message subliminal, ma perversion.
— Mon amour, j’ai envie de t’admirer dans ta cage. J’aime te savoir enfermée comme ma chienne. commence t il.
Mes yeux s’illuminent à cette volonté, cet enfermement allant fouiller dans les tréfonds de ma régression reptilienne. Ma cage, ma prison, ma niche. Ce mobilier dans lequel, mon sentiment de vulnérabilité et d’avilissement renforce, structure, les contours de la bulle recherchée. Me délectant de cette séance future, ma pensée s’égare. C’était sans compter une reprise de volée magistrale.
— Oui ma reine, je vais t’emprisonner comme tu affectionnes car je suis bien conscient des émotions qu’elle te procure. J’ai même l’intention de te faire ce cadeau toute le nuit, me précise t il.
Cette voix si flegmatique qui bouleverse mes neurones, mon Maître détient ce pouvoir époustouflant. Naive, bien entendue, néanmoins, je n’aurais jamais songé à une telle idée diabolique. Mes frissons hésitent entre la peur et l’envie.
Bien sur, la soirée finit par pointer le bout de son nez. Je monte, l’escalier métallique qui mène à notre chambre d’un pas traînant. Il grinçait déjà lorsque je prenais ma douche m’indiquant que mon Maître avait regagné la chambre avant moi pour tout préparer. Je ne me suis pas trompée, la cage, imposante, trône à côté du lit. Une mince couverture tapisse le sol et une couette ainsi que mon coussin occupe le tiers de la surface. Une flopée de questions me taraude l’esprit, une nouvelle fois. Comment vais je parvenir à endurer ce supplice ? A tenir toute une nuit dans une si étroite geôle ?
Mon Maître me couvre de caresses après avoir fixé le collier autour de ma nuque baissée. Je reste muette, m’alourdissant dans ses bras cajoleurs. Il m’embrasse, m’enveloppe, me murmure ses paroles ensorcelantes dans le creux de l’oreille. Mes bras se resserrent autour de son torse, s’agrippent comme une noyée autour de sa bouée salvatrice, en pleine détresse, espérant presque son sauvetage mais ce n’est qu’un leurre, qu’un mirage dans l’esprit embrumé de la naufragée car le Maître répète glacial, les paroles inflexibles :
— Dans ta cage maintenant Oclide, ça suffit.
Je m’accroche encore quelques secondes, bercée par cette douce illusion, d’une nuit passée dans sa chaleur. Pathétique rêveuse… Je capitule lorsque je sens sa poigne se raffermir sur ma peau. Condamnée à cette double peine, la rupture physique avec l’isolement qui en découle accumulée avec le supplice corporel de cette posture recroquevillée.
Il ouvre la porte d’un geste sec et dans l’hypothèse où j’aurais encore des hésitations, il pointe son doigt autoritaire vers l’ouverture. Tête basse, je me dirige vers ma tourmente, me contorsionne pour pénétrer dans ma cage et essaie de trouver une position la plus confortable que je puisse espérer. Je remonte les genoux vers ma poitrine, cale mes fesses contre les barreaux et blottis ma tête contre l’oreiller. Il m’observe, impassible, insensible à ma situation, ce qui déchire d’autant mon coeur. Je soupire, gémis, sanglote, sans discrétion, pour implorer sa pitié, mais sans succès.
— Tu es bien installée, ma soumise, je sais que tu vas passer une bonne nuit, lâche t il de toute sa hauteur qui me paraît à l’instant démesurée.
Encore un sanglot sec devant l’inéluctable.
— N’oublie jamais que je fais de toi ce qui me plait. Pas la peine de pleurnicher, d’ailleurs tu vas te taire car sinon je serai obligée de te corriger.
Écrasée par son autorité, je me résigne, une chaleur dans mon ventre affamé surgie bien malgré moi. Il déchiffre si bien mes besoins de soumission. Je me sens si seule et en même temps si proche de lui. La contradiction de ces sentiments m’épuisent et me dépassent. Et pourtant, il peaufine la scène avec un dernier détail. Il saisit une couverture opaque et recouvre la cage laissant que quelques centimètres de lueur. Terrassée par cette apothéose de cruauté, je comprends que je me retrouve exactement comme il le souhaitait.
Seule avec moi même.
Je succombe, étouffant mes sanglots tandis que je le devine en train de se coucher dans notre lit confortable pour lire paisiblement. La profondeur de cette solitude me foudroie, mon cerveau gamberge à plein régime, prenant conscience de mon appartenance, de mon besoin d’être son esclave. Le virage se profile car même la difficulté physique se résorbe derrière cette certitude. Même le manque lié à l’éloignement s’estompe. Un faible sourire éclaircit mon visage, un sourire pour moi seule.
La lumière est éteinte depuis quelques minutes.
Et je m’endors. Oui, je m’endors tout à fait, d’un sommeil lourd, sans rêve.
A l’aube, je réveille en douceur, les images explosent à nouveau dans mon cerveau faisant tinter les barreaux. Il ouvre la porte de la cage d’où je m’extrais avec beaucoup de précautions, ménageant mes membres endoloris. J’escalade le lit sans grâce, me blottis ou plutôt m’accroche à sa présence. Dans le silence du petit matin, il me chuchote à l’oreille :
— Je suis si fier de toi ma soumise.